On parle de la Colombie, en ce moment, mais guère de son chemin de fer. Il est difficile d’écrire sur le chemin de fer colombien, tellement il est peu connu et les articles dans les revues spécialisées sont rares.
Dans ce beau pays, deux fois plus étendu que la France et très montagneux, les transports colombiens dépendent d’un ministère des Transports, mais celui-ci a toujours accordé la priorité à la route, le relief du pays étant très peu favorable à la construction d’un réseau ferré. Le camion est le principal moyen de transport, accaparant environ les deux tiers du transport de marchandises national, laissant un tiers en faveur du chemin de fer dont il faut déduire une part symbolique et presque inexistante pour le transport fluvial et l’aviation. Historiquement, tout le transport se faisait sur les voies d’eau et ce sont les radeaux ou les canoës qui ont été le moyen de transport le plus utilisé.


Mais, à la fin du XIXe siècle et à partir de 1874, et dans le cadre d’une conquête de l’Amérique du Sud et Centrale par le rail, des compagnies de chemin de fer européennes et américaines s’installent pour transporter vers les ports colombiens la production agricole locale pour l’exporter. Quelques lignes auraient été créées dans un écartement curieux de 1243 mm. Le réseau semble avoir été très soigneusement construit, vu la qualité des locomotives qui circuleront. Malheureusement pour le chemin de fer, à l’époque, une batellerie fluviale se développe sur les rivières et des bateaux à vapeur commencent à transporter les immigrants et les marchandises venus d’Europe et des États-Unis, d’abord sur le Río Magdalena. Le chemin de fer colombien aura donc à lutter avec une rude concurrence.


Le ministère des Transports colombien est créé en 1905 durant la présidence de Rafael Reyes Prieto sous le nom de “Ministerio de Obras Públicas y Transporte” (ministère des Travaux publics et du Transport) en vue du développement de la richesse nationale sous toutes ses formes, incluant les mines, le pétrole, mais aussi les voies ferrées, les routes, les ponts, les bâtiments nationaux et les terres dites “non possédées”. L’effort est remarquable. On commence à reconstruire et à entretenir les routes. Les rivières sont nettoyées, draguées et canalisées, et la navigation est réorganisée. À l’orée de ce nouveau siècle, la Colombie se met au travail et croit en son avenir.
Cette belle époque est aussi, en ce qui nous intéresse ici, celle de la création des “Ferrocarriles Nacionales de Colombia” ou des voies ferrées nationales de la Colombie. Ce sera un réseau utilisant de belles locomotives, en général articulées et établies selon des systèmes comme ceux de Mallet, de Kitson-Meyer et autres. Elles sont de construction américaine ou anglaise, remorquant inlassablement des trains de marchandises souvent longs sur des lignes au profil et au tracé difficile.

Le réseau ferré colombien actuel.
La Colombie possède aujourd’hui plus de 3 000 km de voies ferrées, soit dix fois moins que la France qui est deux fois plus petite. Seulement 150 km ont été établis dans l’écartement normal de 1 435 mm. La plus grande partie du réseau est, surtout, dans l’écartement américain de trois pieds, soit de 914 mm réservé aux réseaux secondaires ou des pays sous influence américaine. Cependant, environ 2 500 km sont en service et environ 5 millions de voyageurs sont transportés durant les années 1970.
Comme le montre ce recul dans les parts du réseau ferré face à la route, le transport ferroviaire reste peu développé en Colombie. Le réseau ferré national, autrefois le principal mode de transport de fret du pays, a été négligé en faveur du développement du réseau routier et ne représente désormais environ qu’un quart du transport de fret – ce qui est déjà intéressant et, même, enviable pour bien des pays dits “développés” comme en Europe qui en sont, aujourd’hui, à une part de l’ordre de 10%.
Le transport de voyageurs a été intégralement suspendu en 1992, puis a pu reprendre partiellement vers 1998. Toutefois, moins de 165 000 voyageurs ont pris le train en 1999 et seulement 160 000 en 2005, ces chiffres montrant que le réseau colombien est peu à peu délaissé.
De courtes sections de voies, principalement l’axe Bogotá-Atlantique, sont utilisées pour transporter des marchandises, surtout de la houille, vers les ports des Caraïbes ou du Pacifique. Actuellement, approximativement 30 millions de tonnes de marchandises sont transportés par le train. Bien que le réseau national relie entre elles sept des dix principales villes du pays, il est peu utilisé pour des raisons de sécurité, de manque de maintenance, et, toujours, de la concurrence du transport routier.

Mais, de 2004 à 2006, environ 2 000 km de lignes sont remises en état. Cette mise à niveau concerne deux projets principaux : les 1 484 km reliant Bogotá à la côte caribéenne et les 499 km reliant la ville industrielle de Cali et la zone de culture de café alentour au port de Buenaventura.



Les transports urbains : quand le bus s’appelle le « Transmétro ».
Des systèmes de transport urbains existent à Bogotá, Medellín, Barranquilla et Cali, mais ils font peu appel au chemin de fer.
La congestion récurrence du trafic routier et urbain de Bogotá est le résultat de l’absence de transport ferroviaire. On en est venu, comme d’autres pays du monde, au développement du système de bus rapides … Ici ce système s’appelle “TransMilenio” et il y a, en prime, un système d’interdiction de circuler en voiture particulière en alternant les numéros d’immatriculation. Le système de Bogotá consiste en un service de bus et de minibus assurés par une entreprise qui est à la fois privée et publique.
Toutefois, depuis 1995 Medellín s’est dotée d’un remarquable réseau ferré urbain, dit le “métro de Medellín”, et qui dessert également Itagüí, Envigado et Bello. Il faut aussi ne pas oublier le courageux “Metrocable” créé en supplément en 2004 pour relier certains des quartiers montagneux les plus pauvres de Medellín avec le métro, mais qui a été malheureusement supprimé depuis. Un système de bus rapides appelé “Transmetro”, similaire au “TransMilenio” de Bogotá, est créé à Barranquilla en 2007 et fonctionne à plein régime depuis 2010. Le “Masivo Integrado de Occidente” ou “MIO” a été ouvert en 2009 à Cali.

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